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Channel:  Mouvement des Objecteurs de Croissance (le M.O.C.) » Revenu Inconditionnel
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Les 3 parts du revenu inconditionnel

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Il existe plusieurs variantes du Revenu Inconditionnel (RI).

  • Est-ce là le signe d’une idée suffisamment forte pour avoir déjà ses variantes sur tout l’échiquier politique (à droite comme à gauche) ?
  • Ou bien, est-ce le signe d’une idée suffisamment passe-partout pour être reprise par n’importe qui ?

Quelles sont les caractéristiques du RI que le MOC défend ?

  • La double inconditionnalité : 1/ sans contrepartie (contrainte) mais au contraire la reconnaissance que toute activité librement choisie (du moment qu’elle n’est pas illicite) est socialement utile. 2/ De la naissance à la mort (même si on peut envisager un montant différent entre enfants et adultes ; c’est pour cette raison que ce RI n’est pas « universel » au sens du « suffrage universel »).
  • Il ne s’agit pas d’un revenu minimum mais son montant doit être suffisant et décent pour une vie suffisante et décente. C’est une revenu pour exister et non pas parce que l’on existe (c’est pourquoi ce n’est pas un « revenu d’existence »).
  • il s’agit de protéger la société en tant que telle (objectif de la reconnaissance de l’utilité sociale de chacun : ce qui rend le RI désirable) parce qu’elle doit être un espace du bien-vivre (fondement par un espace écologique des communs : ce qui rend le RI juste).

Concernant cette « belle revendication », beaucoup de questions « techniques  » se posent : quel montant, quel financement, quelle administration ? Autant de questions qui permettent à nos amis de la gauche productiviste (quand ce n’est pas directement par nos amis de la Décroissance) de multiplier les « tirs amis » et les critiques de mauvaise foi ; ce qui leur permet surtout de repasser « en douce » leur irréductible travaillisme et/ou étatisme.

Autant de critiques qui fournissent à quelques MOCqueurs des occasions pour défendre la revendication du RI. C’est en picorant dans quelques-unes de ces réponses que je vais aborder ici une seule question : le « versement » du RI en trois parts, en monnaie locale, en monnaie commune, en gratuités.

Extrait d’un texte entièrement consacré aux rapports entre RI et MLC (monnaie locale complémentaire).

Aujourd’hui pour obtenir des MLC, il faut aller à un « comptoir d’échanges » et « convertir » des euros ; une MLC est donc réservée à ceux qui ont déjà des euros. Tous les projets de MLC se demandent comment éviter ce piège d’un « monopoly éthique entre bobos écolos ». Le versement d’une part du RI en MLC permettrait d’offrir cette ré-appropriation citoyenne à tous les habitants d’un bassin de vie. Et puisque une MLC est « affectée » éthiquement, en particulier écologiquement, le RI trouverait ici une évidente portée écologique.

Mais ce n’est pas tout : un versement du RI en MLC permettrait d’éviter deux autres écueils.

  1. Ne verser le RI qu’en argent et justifier une critique d’extension du champ de la marchandise.
  2. Ne verser le RI qu’en gratuités et céder sur deux conditions indésirables : si la répartition se fait par une sorte de « prise sur le tas », alors cela implique une abondance matérielle des ressources qui est écologiquement « in-soutenable » ; si, à cause de la rareté, la répartition est contrôlée, cela se fera par une « instance » (dont le modèle aujourd’hui est l’Etat) qui, peu ou prou, s’arrogera le pouvoir de décider de la nature et de la quantité des besoins propres à permettre à chaque individu non pas simplement de vivre mais de buen vivir.

La compréhension pratique de ce qu’est une MLC – à savoir une institution sociale dans laquelle s’organise le partage des biens et des services entre le plafond de l’« argent » et le plancher de la gratuité – dessine non seulement un espace de socialisation réelle mais aussi un trajet de transition politique : s’il est pragmatique de commencer à verser le RI en trois parts – monnaie commune, monnaie locale, droits d’accès à des biens communs – il est illusoire de croire que la ligne d’horizon du RI vise une démonétarisation du RI pour se ramener à la seule sphère de la gratuité. Même la gratuité a ses limites, même dans l’idéal, le RI devra conserver une part versée en monnaie, en monnaie locale.

Extrait de la version longue d’un texte de présentation du RI pour le Conseil scientifique d’Attac, co-écrit avec Baptiste Mylondo.

Pourquoi le RI ne se confond-il pas avec une revendication portée pourtant par certains décroissants[1], celle de la Dotation inconditionnelle d’autonomie (DIA) ?

Au départ, nous[2] avons inventé l’expression de D.I.A. pour nous permettre de mettre un nom à une critique adressée au RI : celle de n’être versé qu’en « monnaie officielle » et de ne faire aucune part ni aux gratuités, ni aux monnaies locales.

  • Mais aujourd’hui, cette idée de verser le RI en trois parts – monnaie officielle, gratuités et MLC[3] – semble acquise chez la plupart des décroissants (texte d’Ariès dans les Z’IndignéEs n°3).
  • La principale critique : la DIA n’examine vraiment qu’une distribution du RI par des gratuités et ne semble donc pas pouvoir échapper aux critiques que l’on peut légitimement adresser à la gratuité : les 3 « dommages » = fléchage + flicage + gaspillage.
  • Fléchage : que la consommation de certains biens soit fléchée est une chose, mais que toute consommation soit fléchée et alors on passe de la responsabilité collective à l’irresponsabilité personnelle.
  • Flicage : comment vérifier que dans un foyer il y a avait bien tant d’adultes et tant d’enfants pour avoir droit à tant de m3 d’eau ? Pour éviter cette objection, ne faut-il pas réserver la gratuité aux biens non-rivaux (la consommation de l’un ne se fait pas au détriment de celle d’un autre) ?
  • Gaspillage : la gratuité pour éviter le gaspillage ne suppose-t-elle pas comme condition de succès qu’existe déjà une société composée d’individus tous conscients des limitations des ressources ? Mais si c’était le cas, alors il n’y aurait pas besoin d’inclure le bien en question dans la liste des gratuités du RI.
Extrait d’un texte sur la décroissance de l’argent au profit des monnaies de la décroissance (lire ici).
L’idée est de verser la troisième part du RI non pas en Euros mais en « monnaie commune » (ce qui serait bien différent d’une « monnaie unique »).
  • Pour une monnaie commune fondante sur laquelle gager nos MLC. Mais alors, si nous poussons l’hypothèse un peu plus loin, sur quel type de monnaie faudrait-il gager nos MLC ? Les MLC ne devaient-elles pas rester gagées sur une « monnaie commune » (dont la mission ne serait pas d’aligner par le bas sur le plus petit dénominateur commun mais au contraire de fournir un instrument réel de péréquation entre des régions de vie qui, faute d’accepter de tels liens exogènes d’interdépendance, tomberaient dans le piège du féodalisme monétaire) ? « Le plus important, toutefois, sera de veiller à ce que l’existence inévitable d’une monnaie d’échange nationale – voire internationale – ne conduise pas à réamorcer cette accumulation privée du capital qui pourrait rendre à nouveau possible l’exploitation de l’homme par l’homme et, donc, la réapparition des inégalités et des injustices les plus indécentes. L’une des solutions les plus intéressantes de ce point de vue, est sans doute celle de la « monnaie fondante ». »[4]

Les notes
  1. http://www.projet-decroissance.net/
  2. Annie Vital et moi-même, tous les deux membres du Mouvement des objecteurs de croissance et d’Attac ; après une longue discussion qui avait surtout porté sur le premier terme de l’expression : pourquoi « dotation » et non pas « rente » ou « allocation » ? Aujourd’hui le terme de « revenu » semble beaucoup plus adéquat pour décrire que ce qu’une personne donne à une société par son utilité sociale librement choisie doit lui revenir sous forme de revenu : un revenu, c’est un dû ! Est-ce la personne qui donne ou est-ce la société qui dote : de la société et de ses membres, qui a une dette vis à vis de l’autre ?
  3. Michel Lepesant, « Considérer ensemble RI et monnaie locale », Mouvements, n°73, printemps 2013.
  4. Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée, page 118.

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